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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

meurent pour elle. Un cavalier arrache les bottes de Duval étalés promène comme un trophée[1].

Le général qui appelle les combattants parisiens des bandits, qui donne l’exemple de trois assassinats, n’est autre que le chenapan du Mexique.

Rien n’est plus édifiant dans cette guerre civile, que les porte-drapeaux des honnêtes gens. Leur bande accourut dans l’avenue de Paris pour recevoir les prisonniers de Châtillon, fonctionnaires, élégantes filles du monde, demi-mondaines et les filles publiques ; vinrent frapper les captifs des poings, des cannes, des ombrelles, arrachant képis et couvertures, criant : « L’assassin à la guillotine ! » Parmi les assassins marchaient Élysée Reclus pris avec Duval. Ils furent jetés dans les hangards de Satory et de-là, dirigés sur Brest en vagon à bestiaux[2].

Lorsque nous apprîmes ce qui s’était passé dans la journée et dans la nuit du 3 au 4, nous étions très surexcités, tous voulaient marcher au combat, malheureusement nous n’étions pas encore en état de défense, cependant le commandant Naze voyait l’impatience de ses soldats commanda : « Ceux d’entre vous qui sont à peu près équipés, qu’ils sortent des rangs, alors je vous compterai et j’irai à l’Hôtel de Ville demander des fusils. Une trentaine se proposèrent pour aller en reconnaissance. Le commandant obtint assez de fusils et nos amis partirent, ils allèrent ainsi jusqu’à Neuilly.

  1. Vinoy écrivit : Les insurgés jettent leurs armes et se rendent à discrétion. Le nommé Duval est tué dans l’affaire.
  2. Histoire de la Révolution de 1871 par Lissagaray. Page 184.