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CINQUIÈME PARTIE

Ils arrivèrent au moment d’une déroute, la panique qui s’était produite était terrible ; tous voulurent se servir de leurs fusils, à l’Hôtel de Ville on avait trouvé que des fusils à pierre (de vieux calibre), ils voulurent faire marcher la détente, elle ne fonctionnait pas tant les fusils étaient rouillés. Ils furent obligés de revenir, mais cette fois ils étaient furieux.

Notre bataillon n’était encore qu’en formation, malheureusement dans cette année de malheur, tout conspirait à ne réussir en rien et à faire échouer l’action.

La Commune, confiante en son rôle, n’avait pas l’air de prendre au sérieux l’attaque des Versaillais. Elle perdait un temps précieux en vains discours, en paroles inutiles.

L’organisation militaire était absolument défectueuse, pas d’ordre dans les administrations, on ne savait jamais à qui s’adresser, on ne pouvait rien obtenir en son temps, tout cela paralysait le mouvement ; la patience des plus braves et des plus dévoués à la cause s’usait en pure perte.

Ce jour-là le bataillon entier protesta, ils étaient tous furieux.

Que de courage et d’énergie perdus en cette terrible et désastreuse année.

Tous nos volontaires étaient impatients, ils voulaient partir dans la nuit, coûte que coûte. Ils dirent au commandant Naze : « Si à 10 heures du soir nous ne sommes pas en état de combattre, nous irons ensemble faire tapage à l’Hôtel de Ville ; on égorge nos frères,