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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

que pour l’exemple ils avaient achevé les blessés. (Leçons de choses pour les survivants).

En arrivant, je vois à la place de l’Hôtel de Ville, une personne habillée mi-partie en garde national, jupe courte en drap, képi sur la tête, assise, ayant devant elle une petite table sur laquelle il y avait une boite : « Pour les blessés, s. v. p. »

Elle m’appelle : Citoyenne que cherchez-vous ? En deux mots je la mets au courant de ce qui se passait.

Elle me proposa de faire partie de leur groupe. « Cela n’est pas possible, lui dis-je, j’ai promis à mes amis de ne jamais les abandonner, assurément il y en a parmi ceux qui sont ici, puisqu’ils étaient avec moi hier au soir. »

Cette personne était Louise Michel je ne la connaissais pas. Je ne connaissais pas davantage le mouvement féminin, je n’avais jamais mis les pieds dans une réunion publique.

Au moment où je parlais à Louise, un groupe composé de cinq de mes amis traversaient la place. Ils m’aperçurent, ils vinrent vers moi, heureux de me retrouver. Louise me réitéra sa proposition.

Je ne peux quitter mes compagnons, au revoir.

Ceci se passait vers les deux heures de l’après-midi, deux de nos hommes me proposèrent de m’accompagner chez ma mère, les trois autres, ayant à faire rue de Grenelle St-Germain, devaient venir nous rejoindre.

Ma mère, après m’avoir quittée, était rentrée chez elle, triste et résignée. Elle fut heureuse et étonnée de