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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Belleville et d’une rue y aboutissant de braves pompiers, faisant tous leurs efforts pour éteindre le feu, ou au moins le circonscrire pour que tout le quartier ne devînt pas la proie des flammes.

Tout le monde sait aujourd’hui qu’ils ont été tous massacrés, sans en excepter un seul, sous prétexte qu’ils avaient mis du pétrole dans leurs pompes.

La nuit commençait à poindre, nous étions fatigués, nous allâmes à la mairie demander comment il fallait nous organiser, on nous dit que depuis le matin le presbytère était abandonné, une seule personne restait encore, la vieille servante du curé, qu’elle nous recevrait avec une carte du comité, qui nous fut remise ; elle ne put recevoir que quatre de nous, la place n’était pas très spacieuse, on m’offrit la chambre du curé, les trois autres défenseurs allèrent dans une chambre voisine ; l’un d’entre eux, un tout jeune homme presqu’un enfant, un Breton, (il se nommait Marie) lorsque je lui dis d’aller se coucher à côté, avec ses camarades, s’est mis à fondre en larmes, il avait peur qu’on ne me tuât dans cette maison, il voulut coucher dehors, en travers de ma porte, au cas où on viendrait pour me faire du mal, il me défendrait.

Samedi, 27. Nous étant reposés un peu, nous quittâmes le presbytère à une heure assez matinale ; notre petit groupe se reforma et nous marchâmes en avant ; autour de nous on entendait un bruit continuel de fusillade, un tintamarre effroyable. On bombardait toujours. Les barricades sont plus nombreuses que la veille, les fédérés du quartier s’organisent pour sa