Page:Brocher - Souvenirs d’une morte vivante, 1909.pdf/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXVI


Lorsque le feu cessa à la rue Haxo, les officiers de Versailles criaient : « Jetez vos armes, il ne vous sera rien fait. » Quelques-uns confiants, allèrent à la mairie les déposer et ils ne revinrent pas !

Nos compagnons et moi, nous, nous étions réfugiés dans les derniers baraquements de la rue Haxo, près des fortifications.

(La rue Haxo finit boulevard Serrurier, le long des fortifications, entre la porte des Prés St-Gervais et la porte de Romainville.)

À cette époque il y avait peu de grands bâtiments dans ce quartier ; dans cette partie extrême de la rue, des gens plutôt pauvres avaient acheté dans les terrains vagues quelques parcelles à bon compte, sur lesquelles ils avaient construit des baraques en planches, ils louaient ces petits logements à bon marché, à des ouvriers encore plus pauvres qu’eux. C’est dans un de ces baraquements que nous nous trouvions au moment où les lignards firent irruption.

Nous nous demandions comment cela finirait pour nous. Pas bien, assurément ; du reste nous l’avions prévu. Les soldats allaient sans doute visiter partout et nous trouver ; nous étions décidés d’accepter bravement la responsabilité de nos actes.