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PREMIÈRE PARTIE

Par opposition au Comité du Luxembourg, le même soir on ouvrit des ateliers nationaux. Du 9 au 30 avril 100 000 ouvriers furent embrigadés. La dépense atteint 7 240 000 francs. Le trésor était épuisé. Les dons patriotiques reçus à l’Église par une Commission sous la présidence de Lammenais et de Béranger, témoignaient de la bonne volonté des classes laborieuses, mais restaient insuffisants. Garnier Pagès, aux finances, fit décréter un impôt de 45 centimes. On comptait ainsi se procurer 190 000 000, on obtint seulement 80 000 000.

Le 14 mars, le gouvernement provisoire supprime les compagnies d’élite de la Garde Nationale et ouvrit les rangs de cette milice à tous les citoyens sans distinction[1]. Il y eut une grande manifestation à l’Hôtel de Ville demandant l’abrogation du décret ; cela eut pour résultat d’amener une contre-manifestation de 100 000 ouvriers sous la conduite de Barbès, de Blanqui et de Cabet. Le 16 avril, un mois après, les ouvriers reparurent devant l’Hôtel de Ville, mais sans résultat.

Le 15 avril[2], l’assemblée nationale se réunit pour faire une constitution. Il devait y avoir 900 représentants élus directement par le suffrage universel. Tout Français âgé de 21 ans, ayant six mois de résidence était électeur, le vote se faisant au chef-lieu du canton.

15 mai, à peine nommée, l’assemblée se trouve

  1. Ce fut le grand pas vers le suffrage universel. Jusqu’à ce moment-là il fallait être riche pour faire partie de la Garde Nationale, et payer un impôt assez élevé.
  2. 15 avril, proclamation du suffrage universel.