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PREMIÈRE PARTIE

Il y avait 4 348 prisonniers, une commission d’enquête en fit mettre 991 en liberté. Malgré les instances du représentant Lagrange, personne ne fut amnistié. Louis Blanc et Caussidière furent décrétés d’accusation comme complices du 15 mai.

Onze journaux furent supprimés. Le Peuple constituant cessa de paraître parce qu’il ne put verser la somme nécessaire. « Il faut beaucoup d’or aujourd’hui pour avoir le droit de parler », dit Lamennais, nous ne sommes pas assez riches, silence au pauvre !

La réaction contre le socialisme fut des plus vives. Comme remède à la crise financière, Proudhon proposa que les créanciers de l’État abandonnent 1 pour cent sur leurs rentes, que les propriétaires fassent remises d’une partie des fermages échus, que le banquier réduise sa commission et son intérêt, que les travailleurs laissent à l’entrepreneur un 20 pour cent de leur salaire.

Mais entièrement antipathique au socialisme, l’assemblée accueillit par un déchaînement de colère le discours de Proudhon, prononcé à l’appui de la proposition dans la séance du 31 juillet[1]. Les partisans de Louis Bonaparte n’étaient pas étrangers à ces luttes sanglantes et fratricides. Les blouses blanches inaugurent leur entrée en scène. Enfin les élections donnèrent une forte majorité à Louis Napoléon. Le 10 décembre 1848 il fut élu président. Le peuple français était encore entiché des gloires légendaires de Napoléon Ier, dit le Grand.

Louis Napoléon, dit le Petit, escalada l’Hôtel de Ville

  1. Voir Les confessions d’un révolutionnaire, par Proudhon.