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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

heures, à son retour il avait l’air très agité. Il nous dit : « J’ai un rendez-vous avec les amis pour une manifestation, le coup d’État est fait. Nous devons protester au nom de la constitution. Dès que je serai libre, je reviendrai. »

La plus vive émotion se produisit à Orléans, lorsqu’on apprit les événements de Paris. Messieurs Martin et Michot, représentants du peuple, lesquels étaient venus chez nous la veille, se réunirent avec plusieurs amis politiques.

Après une délibération, il fut résolu d’écarter l’idée d’une résistance à main armée, et la résolution fut prise de décider, avec l’aide du peuple, l’autorité municipale à refuser obéissance au président de la République.

Une manifestation s’organisa promptement. Près de 800 citoyens se dirigèrent vers l’Hôtel de Ville, aux cris de : « Vive la Constitution ».

À leur arrivée devant l’Hôtel de Ville, les représentants adressèrent quelques paroles au peuple et voulurent entrer. Les gardes nationaux de service aux portes de la mairie, leur barrèrent le passage. Il y eut une sorte de lutte pendant laquelle survinrent les adjoints au maire. On parlementa.

Messieurs Martin et Michot entrèrent à la mairie, furent introduits dans la salle où la municipalité délibérait. Les représentants demandèrent si le conseil entendait protester contre la dissolution de l’assemblée législative. On leur répondit négativement. La municipalité protègera-t-elle, au moins la personne