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SECONDE PARTIE

— Madame, si vous persistez à garder le silence, indiquant du doigt la porte de la prison communiquant avec la salle : d’ici à la prison il n’y a qu’un pas.

— Monsieur, répond ma mère, vous ne m’intimidez pas, vous ne me faites pas peur. Vous m’avez tout pris. Vous pouvez disposer de moi. Mais quand je serai en prison, vous vous occuperez de ma fille.

Ce monsieur voyant qu’il n’obtenait rien, se contenta de lui dire : Allez, madame, nous vous surveillerons.

Quelques semaines plus tard, un soir, ma mère reçut un petit billet de M. Texier, dans lequel il la priait de venir immédiatement. Elle se rendit en hâte chez lui. En arrivant elle vit tout bouleversé dans l’appartement. Toute la famille était en pleurs. Voici ce qui s’était passé. Monsieur Texier avait été prié de passer chez le procureur (impérial) — la république ayant été supprimée. — Voici ce qui lui fut dit et signifié :

— Vous avez fait partie de sociétés secrètes ?

— Non.

— Vous avez des relations intimes avec plusieurs membres de ces sociétés. Vous n’avez pas voulu faire votre devoir en nous aidant dans nos recherches.

— Monsieur, je suis professeur, ce n’est pas mon métier de renseigner la police.

— Vous n’avez pas voulu que votre jeune élève, mademoiselle M., répondît à quelques questions. Vous avez été même assez violent en retirant à vous avec force l’enfant.

— Monsieur, l’enfant m’a été confiée, j’en suis respon-