Page:Brontë - Un amant.djvu/136

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der comme un visiteur de ce monde, quoi ! vous, revenu ? Est-ce vraiment vous ?

— Oui, Heathcliff, répondit-il, levant sans cesse ses regards vers les fenêtres, où se reflétait la lumière de la lune, mais sans que nulle lumière parut du dedans. Sont-ils à la maison ? Où est-elle ? Nelly, vous n’êtes pas contente ? Vous n’avez pas besoin de vous troubler ainsi. Est-elle ici ? Parlez ! J’ai besoin de lui dire un mot, à votre maîtresse. Allez, et dites-lui que quelqu’un de Gimmerton désire la voir.

— Comment va-t-elle prendre la chose, m’écriai-je, que va-t-elle faire ? La surprise m’affole, elle va la mettre hors d’elle-même ! Et vous êtes Heathcliff ! Mais si changé, non, c’est incompréhensible ! Avez-vous servi comme soldat ?

— Allez et portez mon message, m’interrompit-il impatiemment, je serai en enfer tant que vous ne l’aurez pas fait.

Il souleva le loquet et j’entrai ; mais quand je fus près du parloir où étaient M. et Madame Linton, je ne pus prendre sur moi de faire la commission ; enfin, je me résolus à entrer et à leur demander s’ils voulaient avoir de la lumière : j’ouvris la porte.

Ils étaient assis ensemble auprès d’une fenêtre, à travers laquelle se montrait, derrière les arbres du jardin et du parc sauvage, la vallée de Gimmerton, avec une longue ligne de brouillards en tourbillon. Wuthering Heights s’élevait au-dessus de cette vapeur d’argent, mais notre vieille maison était invisible, se trouvant plutôt un peu sur l’autre penchant. Tout, la chambre et ses occupants et la scène qu’ils contemplaient, tout semblait merveilleusement paisible. J’eus de nouveau une répugnance à m’acquitter de ma commission ; et je me préparais à sortir après avoir simplement parlé de la lumière, lorsqu’un sentiment de