Page:Brontë - Un amant.djvu/62

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— Je sais tout sur lui, Monsieur, excepté où il est né, et qui étaient ses parents, et comment il a gagné son argent pour commencer. Et Hareton a été indignement privé de l’héritage qui lui revenait ! Le malheureux garçon est le seul dans toute la paroisse qui ne devine pas combien il a été spolié.

— Eh bien, madame Dean, ce serait une action charitable de votre part de me dire quelque chose sur mes voisins. Je sens que je ne pourrai pas dormir si je me couche ; ayez donc l’obligeance de vous asseoir, et de me parler pendant une heure.

— Oh ! certainement monsieur. Je vais seulement chercher quelque chose pour coudre, et alors je resterai assise ici aussi longtemps qu’il vous plaira. Mais vous avez pris froid ; je vous ai vu frissonner ; et il faut que vous buviez un peu de tisane pour chasser cela.

La digne femme s’empressa, pendant que je me pelotonnais plus près du feu. J’avais la tête brûlante et le reste du corps gelé ; en outre je sentais mes nerfs et mon cerveau excités presque jusqu’au ton de la folie. Tout cela fit que je me trouvai non pas tant mal à l’aise que plutôt inquiet, comme je le suis encore, au sujet des effets possibles des incidents d’hier et aujourd’hui. Cependant, ma ménagère revint, avec un bol fumant et un panier à ouvrage ; et ayant placé le premier de ces objets sur la cheminée, elle s’installa dans son siège, évidemment charmée de me trouver si sociable.


— Avant de venir vivre ici, commença-t-elle, sans attendre une nouvelle invitation à raconter son histoire, j’étais presque toujours à Wuthering Heights. Ma mère avait nourri M. Hindley Earnshaw, le père d’Hareton, et j’avais pris l’habitude de jouer avec les enfants ; je faisais aussi les commissions ; j’aidais aux foins et j’étais accrochée à la