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— Quant à vous, vous avez fait le galant avec miss Mann : elle m’a montré l’autre jour une plante que vous lui avez donnée. Fanny, je suis prête. »




CHAPITRE XI.

Écrit dans la salle d’étude.


Les doutes de Louis Moore touchant l’évacuation immédiate de Fieldhead par M. Sympson étaient parfaitement fondés. Le lendemain même de la grande querelle à propos de sir Philippe Nunnely, une sorte de réconciliation eut lieu entre l’oncle et la nièce : Shirley, qui n’avait jamais pu être ou même paraître inhospitalière (excepté une seule fois envers M. Donne), pria toute la famille de rester encore quelque temps ; elle y mit tant d’insistance, qu’il était évident qu’elle agissait pour quelque raison. Elle fut prise au mot ; et vraiment, l’oncle ne pouvait se décider à la laisser sans surveillance, en pleine liberté d’épouser Robert Moore le jour où ce gentleman serait en état de renouveler ses prétentions à sa main, jour que M. Sympson désirait pieusement ne voir jamais venir. La famille entière resta.

Dans son premier accès de rage contre la maison Moore, M. Sympson s’était conduit de telle sorte envers Louis, que ce gentleman, patient pour le labeur et la souffrance, mais qui ne pouvait supporter l’insolence grossière, avait aussitôt résigné son poste, et n’avait voulu consentir à le reprendre que jusqu’au moment où la famille quitterait le Yorkshire. Les instances de mistress Sympson et l’attachement qu’il avait pour son élève contribuèrent sans doute à cette concession ; mais il avait un autre motif plus fort que ceux-là : probablement il eût trouvé très-dur de quitter Fieldhead.

Les choses allèrent assez bien pendant quelque temps : la santé de miss Keeldar était rétablie ; sa gaieté avait repris son cours : Moore avait trouvé le moyen de la débarrasser de toutes ses appréhensions ; et vraiment, depuis l’instant où elle lui avait donné sa confiance, toutes ses terreurs semblaient avoir pris des ailes : son cœur devint aussi joyeux, son caractère