Page:Bronte - Shirley et Agnes Grey.djvu/667

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et stupide lettre, et écoutez-moi. Je suis sûre que ma causerie sera plus amusante que ce qu’elle peut contenir. »

Elle s’assit à mes pieds sur un petit tabouret, et, réprimant un soupir de vexation, je me mis à plier ma lettre.

« Vous devriez dire à ces bonnes gens de votre maison de ne plus vous ennuyer avec de si longues lettres, dit-elle, et par-dessus tout leur enjoindre de vous écrire sur du papier à lettre convenable, et non sur ces grandes feuilles grossières. Voyez donc le charmant petit papier à lettre de lady dont se sert maman pour écrire à ses amis.

— Les bonnes gens de ma famille, répondis-je, savent que plus leurs lettres sont longues, plus elles me font plaisir. Je serais très-fâchée de recevoir d’eux des lettres sur du charmant petit papier de lady, et je pensais que vous étiez trop lady vous-même pour trouver vulgaire que l’on écrive sur de grandes feuilles de papier.

— Je voulais dire seulement que cela vous ennuie. Mais maintenant j’ai besoin de vous parler du bal, et de vous dire que vous devez absolument différer vos vacances jusqu’à ce qu’il ait eu lieu.

— Et pourquoi ? Je n’assisterai pas au bal, moi.

— Non ; mais vous verrez les salons décorés avant qu’il ne commence, vous entendrez la musique, et par-dessus tout cela vous me verrez dans ma splendide toilette nouvelle. Je serai si charmante ! Il faut absolument que vous restiez.

— Je serais enchantée de vous voir, assurément ; mais j’aurai plus d’une occasion de vous voir aussi charmante dans les nombreux bals et réunions qui auront lieu plus tard, et je ne puis affliger mes amis en différant mon retour si longtemps.

— Oh ! ne songez pas à eux ; dites-leur que nous ne voulons pas vous laisser partir.

— Mais, pour dire vrai, ce serait un désappointement pour moi-même. Je désire les revoir autant qu’ils désirent me revoir, peut-être davantage.

— Mais il y a si peu de temps à attendre !

— Près de quinze jours, à mon compte ; en outre, je ne puis me faire à la pensée de passer les fêtes de Noël loin de ma famille, et ma sœur est sur le point de se marier.

— Vraiment ! et quand ?

— Pas avant le mois prochain ; mais j’ai besoin d’être là