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casse. » — Plus simplement, nombre de compositeurs, après avoir saisi la lettre de remplacement, utilisent cette lettre pour faire basculer d’avant en arrière, sur le pouce qui la soutient, la lettre à remplacer. La lettre nouvelle est aussitôt glissée à sa place ; la main qui l’abandonne saisit la lettre remplacée pour la remettre dans le cassetin convenable, cependant que le pouce de la main gauche maintenant en place la nouvelle lettre facilite sa descente. S’il s’agit d’un mot entier ou de plusieurs syllabes, syllabes ou mots sont d’abord, à l’aide du pouce et des premiers doigts de la main droite, légèrement dégagés des lettres ou mots voisins, puis enlevés du composteur, et les lettres distribuées dans leurs cassetins respectifs ; le pouce gauche maintient libre l’emplacement où seront composés aussitôt syllabes ou mots nouveaux.

Ces diverses opérations exigent peu de temps ; d’ailleurs le profit que parfois on en peut retirer compense largement les quelques instants qu’elles nécessitent. Si, dans une composition entièrement terminée, il est en effet relativement aisé et rapide de réparer une erreur légère due à une simple coquille, il n’en est plus de même lorsqu’il s’agit d’un bourdon ou d’un doublon : la correction affecte alors un certain nombre de lignes et cause une perte de temps fort appréciable.

Bien qu’ils reconnaissent les avantages de la lecture sur le plomb, quelques compositeurs affectent systématiquement de faire cette lecture seulement dans la galée, alors que le paquet est terminé.

Ils perdent de la sorte, sans conteste possible, tout le profit de cette opération : ils ne sauraient en effet, dans ces conditions, prétendre corriger économiquement un doublon ou un bourdon à remaniement étendu ; il eût été relativement plus facile, et certes moins dispendieux, de réparer, avant même que la ligne fautive ait été justifiée, l’erreur qu’une vérification aurait permis de constater.

g) La ligne relue et, éventuellement, corrigée, le compositeur, à l’aide du pouce, redresse les lettres « qui pourraient être couchées dans le composteur », pour que la lettre de fin, parfaitement d’aplomb, se trouve également serrée dans toute sa hauteur : signe certain d’une bonne justification. Le compositeur s’assure alors s’il y a lieu de modifier l’espacement de sa ligne, et décide quelle doit être cette modification : augmenter ou diminuer le blanc séparatif de chaque mot.

Quatre cas peuvent se rencontrer au moment où le typographe va terminer sa ligne :

1° Le dernier mot de la ligne complète exactement la justification : aucun blanc n’est à diminuer, et aucune espace ne doit être ajoutée à celles mises uniformément entre les mots au cours de la composition ;