Page:Brossard - Correcteur typographe, 1934.djvu/98

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2° Le dernier mot entre complètement dans la justification, mais un léger blanc existe en fin de ligne, qui oblige à augmenter l’intervalle existant entre chaque mot ;

3° Le mot à composer ne peut loger entièrement dans le blanc qui reste en fin de ligne : il faut désespacer légèrement entre chaque mot, afin de trouver le blanc voulu ;

4° Le mot est de longueur assez importante : il déborde au delà de la justification même après que l’espacement a été diminué ; d’autre part, le blanc restant en fin de ligne est trop important pour qu’il puisse être réparti tout entier entre chacun des mots ou des signes sans nuire au bon aspect et à la régularité de la composition. Le mot doit alors être coupé, séparé, divisé en deux parties plus ou moins égales dont la dernière est rejetée à la ligne suivante.

L’obligation de faire une division s’impose, parfois assez fréquente, pour obtenir un espacement régulier, irréprochable. La division acquiert de ce fait une importance considérable : suivant que la coupure a été établie d’après les règles ou à l’encontre des prescriptions qui forment le Code typographique, le résultat sera bon ou mauvais. Le compositeur ne doit rien négliger qui puisse lui venir en aide pour la solution de ce problème simple en apparence, mais fort complexe en réalité, et dont dépend pour une bonne part la perfection de son travail.

Le typographe qui, lors de la distribution, aura soigneusement évité le mélange des espaces fines, moyennes et fortes, exécutera rapidement les modifications d’espacement nécessaires : s’il doit augmenter entre chaque mot le blanc séparatif, il évitera, pour obtenir l’intervalle voulu, l’emploi dans un même blanc de deux espaces fines ; après correction, une composition doit toujours présenter au point de vue espacement des qualités analogues à celles d’un travail de premier jet : on ne devra donc point rencontrer dans les blancs ne cette composition quatre ou même cinq espaces de forces différentes, alors que deux espaces convenables eussent suffi amplement.

h) Avant de placer la dernière espace qui justifiera (qui rendra juste, c’est-à-dire de longueur convenable) la ligne, le compositeur retire du composteur la dernière lettre de cette ligne[1]. Cette précaution est indispensable lorsque l’espace justifiante est une espace fine que la simple pression du pouce risquerait de briser, sans pouvoir la pousser au fond

  1. Il est nécessaire de recommander au compositeur de tenir entre deux doigts cette dernière lettre et de ne jamais la porter à la bouche : coutume malpropre et dangereuse au point de vue de la santé, en raison des produits toxiques qui entrent dans la composition du métal.