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II


Quand le clairon sonna la fanfare guerrière
Le Héros qui dormait aux rives du Jourdain,
Muré dans son sépulcre, a tressailli soudain,
Croyant ouïr déjà la trompette dernière ;

Il entend s’approcher de sa couche de pierre
Des pas qui font bondir son cœur de Paladin,
Et dans l’orbite, l’œil que l’on croyait éteint
Se rallume, et le feu descelle la paupière.

Il revoit à ses pieds, revivant dans leurs fils,
Ses anciens compagnons, les Croisés de jadis,
Ceux d’Italie, et ceux de Gaule, et de Bretagne ;

Mais se ressouvenant de ses pairs plus nombreux,
Son regard interroge : « Où sont les autres preux ? »
Et nul n’ose lui dire où sont ceux d’Allemagne…



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