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cent onze ans, mon père céleste l’ayant voulu. Et le jour auquel son âme se sépara de son corps, était le vingt-sixième jour du mois d’Abib. Il commença à perdre un or d’une splendeur éclatante, c’est-à-dire, son intelligence à la science. Il prit du dégoût pour les aliments et la boisson, et il perdit toute son habileté dans l’art de charpentier. Et il arriva le vingt-sixième jour du mois d’Abib que l’âme du vieillard Joseph le Juste fut inquiète pendant qu’il était en son lit. Car il ouvrit sa bouche, poussant des soupirs et il frappa ses mains l’une contre l’autre. Et il cria d’une voix élevée, parlant de cette manière :


CHAPITRE XVI.


Malheureux le jour auquel je suis né dans ce monde ! Malheureux le ventre qui m’a porté ! Malheureuses les entrailles qui m’ont reçu ! Malheureuses les mamelles qui m’ont allaité ! Malheureux les pieds sur lesquels je me suis soutenu ! Malheureuses les mains qui m’ont porté et m’ont élevé jusqu’à ce que j’eusse grandi ; car j’ai été conçu dans l’iniquité et ma mère m’a engendré dans le péché. Malheur à ma langue et à mes lèvres car elles ont parlé et elles ont proféré des paroles de vanité, de reproche, de mensonge, d’ignorance, de dérision, d’instabilité et d’hypocrisie ! Malheur à mes yeux, car ils ont contemplé le scandale ! Malheur à mes oreilles, car elles se délectaient aux discours des calomniateurs ! Malheur à mes mains, car elles ont pris ce qui n’était point leur propriété ! Malheur à mon ventre et à mes intestins, car ils ont voulu une nourri-