Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/165

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ecclésiastique ne va point jusqu’à l’usage du savon de ménage pour la toilette intime. Ce n’est pas que Monseigneur tînt outre mesure à son rang, mais est-il charitable d’avoir la main rude pour le baisemain ? C’était assez qu’on eût à se contenter d’eau de pluie.

Pour cette aventure, toute une semaine, il y eut froideur entre la cure et Mlle Florestine, qui se permit une irrévérence : « Monseigneur n’est après tout qu’un fils de cultivateur ». La fille de médecin le pensa tout bas, mais sa longue figure jaune le répétait sans parole à tout venant.

En outre, Florestine touchait l’orgue, dans l’espèce un harmonium où, sous la dictée de l’inspiration, elle esquissait des gammes qui coupaient court la basse du chantre Trépanier. N’avait-elle point été l’élève du professeur Mérital, ce Belge aveugle, « musicien jusqu’au bout des ongles » ? Florestine possédait tous les talents. Elle voulut même offrir une reproduction en tapisserie de la Madone à la chaise, son chef-d’œuvre, et le curé dut invoquer les canons pour la refuser. Afin de ne pas faire de peine à Florestine, il installa pourtant le chef-d’œuvre dans la sacristie, et c’est pourquoi lorsque