Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/167

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venait en ville, pour se confesser chez les Pères, dans le petit parloir. Ce devait être la plus cocasse des distractions pour le directeur, mais, comme il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père… Il me semble que Dieu épargnera le purgatoire à ces âmes futiles, parce que, durant leur vie, elles sont le nôtre.

L’après-midi, il lui fallait son heure d’adoration. À midi, elle avait du reste fait un de ses deux chemins de croix quotidiens : à cause de l’indulgence plénière, elle rêvait de tripler, mais le devoir d’état l’en empêchait.

Florestine vivait seule : elle devait donc prier seule. Cependant, Notre-Seigneur n’a-t-Il pas dit que, lorsque plusieurs seront assemblés ?… Pour ne point négliger ce conseil plus que les autres préceptes, chaque semaine, elle faisait son heure d’adoration en compagnie de madame Barbeau, une veuve qui, sans ce rosaire récité en commun, aurait eu la piété paresseuse. Florestine s’était sentie « en conscience » et responsable de ce minimum d’oraison, pour la veuve Barbeau.

Le soir, avant de se coucher, après avoir lu un « bon journal » et parcouru les décès de la Presse, elle s’essayait à la méditation, à l’oraison