Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/22

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Puis, sans plus tarder, gardant sa chemise, dont il n’avait détaché que le faux-col, Ferdinand s’enfouit dans les couvertures, la tête sous l’oreiller : c’était une de ses manies. Maintenant, il voulait tout oublier, ne plus penser à rien. C’est à peine s’il perçut que sa femme s’étendait, très éloignée, sur l’autre côté du lit.

Dormirent-ils ? Ils ne le surent jamais, ivres qu’ils étaient de gêne, de timidité et de mauvaise humeur.

Le matin, il ne bougea lorsqu’elle se leva. La chambre n’avait pas de persiennes et il faisait grand soleil. Quelques instants, il demeura immobile, puis à son tour se leva bravement, avec un peu de remords d’avoir été si peu hardi. D’un œil en dessous, il observait Armandine qui, le dos tourné, arrangeait quelque affaire. Il lui semblait qu’elle cousait. « Elle a pensé à apporter du fil et des aiguilles », songea-t-il, et, déjà, il était fier de sa femme.

Elle l’avait vu, et, d’un ton égal, mais l’œil sévère, elle dit :

— J’aime pas qu’on regarde ce que je fais.


Rabroué, il se rappela qu’il n’était pas habillé, et, vite, dépêcha. Il entendait Arman-