Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/28

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C’est à cette époque que Ferdinand se mit à sortir le soir. Il allait surtout chez un camarade plus riche, Fortunat. À ces visites, Fortunat se donnait l’illusion d’être un maître, en faisant faire ses commissions par Ferdinand, et l’autre se vengeait en égratignant le vernis des meubles, quand son ami tournait la tête.

On a chacun ses amis riches, et Armandine, quémandeuse et qui escomptait attraper des robes défraîchies, trois fois, alla chez des parents riches.

Il était temps qu’arrivât la séparation. La médiocrité de ce mariage blanc était trop parfaite, dans son ennui et ses querelles, pour qu’il ne prît fin. Ce fut encore un héritage qui en fut l’occasion, et d’un cousin encore.

Lorsque Ferdinand et Armandine se parlaient encore, il lui avait dit :

— Il faut pourtant que je me décide, que j’aille voir le vieux Bélisle. Il passe 84, et on sait jamais …

C’était l’automne, la fin de novembre. Il pleuvait une pluie froide. Ferdinand prit le train, vit le vieux, et, les mains vides, sans le lest d’une promesse, revint avec une pneumonie. Deux jours après, il était mort.