Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/74

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mère éplorée, et elle partit sans le petit, mais lestée d’une somme confortable.

Voilà donc monsieur Lapointe avec un petit-fils tombé du ciel. Vous devinez les tours et manigances de Paul : monsieur Lapointe les devinait aussi, mais que lui importait qu’Eddy fut le fils de Jean ou de Jacques, il avait un petit, c’est ce qui importait.

Bien entendu, ce petit-fils était en otage chez monsieur Lapointe, et les demandes d’argent ne tardèrent pas à venir. Un vingt-cinq dollars par ci, un vingt-cinq dollars par là, la formule ne changeait jamais : « Faites ça, grand-père pour votre petit-fils, qui ne voudrait pas que ses parents soient malheureux. » Monsieur Lapointe cracherait jusqu’à son dernier trente sous, pour ne pas risquer de perdre un enfant, qui était à lui, maintenant. Il était tranquille pour des années.

— Comme disait le père Simard, vous savez, celui qui boitait un peu, mais vif comme un oiseau, il n’est jamais trop tard pour faire le bien. Eddy me remettra ça plus tard, quand il sera grand… Je serai vieux comme la terre, mais le bon Dieu ne permettra pas que je meure avant qu’il ait fini son cours. Eddy sera un