Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/81

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Il y a des vies qu’on ne peut se représenter. Elles sont d’un autre plan, d’une autre dimension. Nous avons beau les frôler, elles sont d’un autre monde. Il y a des êtres qui semblent sortir d’un livre, d’une histoire fantastique. Il y a des maisons de pierre palpable et dont les tuiles vous peuvent tomber sur la tête et qui font partie du songe de la veille, comme si le village disparaissait et que se dressaient sur l’écran une masure et des accessoires de cinéma. Nous ne sommes plus à Saint-Paterne, c’est Hollywood qui a pris sa place.

Pourtant, au village qui adopta mon enfance, qui la naturalisa presque, la vieille Baudet (prononcer Baudette), son neveu et sa maison avaient la réalité et le quotidien d’une institution. Sans bruit, ils s’emboîtaient dans le