Page:Brunet - Le mariage blanc d'Armandine, contes, 1943.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que la fabrique lui versât un supplément pour sa police contre le feu et les voleurs. Du reste, mademoiselle Baudet avait aussi l’oreille fine, et, sa peur, c’était que l’humidité de l’église et de la rivière proche ne détraquât son instrument. Elle le palpait et l’auscultait deux fois par jour.

Suivie de son neveu (ils marchaient toujours à la file indienne), sorte de géant au goitre saillant et aux poings lourds, qui lui portait le paquet minuscule, elle disparaissait dans la maison branlante, jusqu’à l’heure d’adoration de mademoiselle Baudet, où Gustave l’accompagnerait encore et porterait, cette fois, son livre de méditations.

La maison, c’était une vaste construction de pierre noire, aux interstices bourrés de mousse, comme si on l’eut calfeutrée de ces couleurs fraîches et semblables aux rides de mademoiselle Baudet, où courait une crasse verdâtre. Sur la façade, toutes les fenêtres étaient closes de contrevents pourris, sauf une, aux carreaux fêlés. À l’étage, il y avait comme des moignons de bois, les amorces d’un escalier écroulé. Les pignons et le toit disparaissaient aussi sous la mousse et l’on songeait, je ne sais pourquoi,