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DE PHILIPPE

passant et repassant sans se décider devant les boutiques juives, jusqu’au moment que Philippe, trouvant de quoi vaincre leur pusillanimité, s’écria :

— Nous sommes des hommes, après tout, prenons un coup pour nous mettre du cœur au ventre…

Ils entrèrent dans une épicerie, où, mettant ensemble leurs économies, ils achetèrent une petite bouteille de gin que, dans une ruelle, ils vidèrent, avec des hoquets et en toussant.

Pénétrant alors au hasard chez l’un des regrattiers, la scène se passa comme ils l’avaient espérée, sauf qu’au moment qu’ils allaient quitter la pièce, le Juif, en riant, demanda :

— L’autre bague, ouesqu’à l’est, l’autre bague !

Philippe, les jambes tremblantes, et la voix faible, répondit :

— Quelle autre bague !

— Tu vas me la donner, ou j’appelle la police, petit voleur…

Le gros Dufort le poussait, comme s’il eût été seul :

— Donne-lui la bague, tout de suite, allons-nous-en, allons-nous-en…

Philippe s’exécuta, et, renchérissant de peur, Dufort, enlevant de son doigt la bague dont il était si fier, la présentait au Juif :

— Prenez celle-là aussi pour votre trouble…

Le Juif riait :