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DE PHILIPPE

lippe éprouva de grands sentiments d’amitié pour Boulanger. Il aimait cet homme, parce qu’il aimait Claire, il l’aimait parce qu’il le faisait souffrir, il l’aimait parce qu’il lui donnait l’occasion de s’abaisser, et de briller en s’abaissant.

Ils firent une très longue promenade, et Philippe versa en vrac toute une série de confidences. Quand Philippe quitta Boulanger, il était soûl de confessions et d’aveux, il était heureux et triste, comme après une fête d’enfants, lorsque les petits dorment sur leurs jouets, comme après une heure d’amour.

Philippe était devenu ensuite fort intime avec Boulanger, du moins le disait-il, mais Boulanger s’amusait plutôt de son bagout et de son débraillé. Maintenant, à cause des petits, Philippe rappelait son manque de cœur voulu et volontaire.

Ils avaient vécu deux mois toutes leurs heures de loisirs et quelques-unes de leurs nuits chez une folle sur le retour, et qui avait laissé son mari, emmenant ses deux enfants, presque des hommes, pour boire et vivre de l’air du temps avec des amants de rencontre. Une folle, une pauvre folle, qui rappelait les crises de démence sexuelle de l’adolescence quand, faisant le mal, on en met trop, ainsi que ces dévotes, qui, à la ménopause, éprouvent la tentation subite de se dévêtir en pleine rue. À coup sûr, la malheureuse n’était pas responsable, et Boulanger et