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DE PHILIPPE

que jusque-là de leurs amours, une nuit qu’elle ne fut que maternelle. Dans le soleil couchant, dans la lumière fiévreuse de la petite maison, et lorsque tristement il la caressait et d’une voix qui essayait de la convaincre et encore plus de se convaincre d’une passion trop livresque et trop subtile pour être sincère, il se revoyait dans une autre maison, couché dans une nuit plus obscure que toutes celles qu’il vécut.

C’était le jour qu’il était allé voir Julien, sans savoir que le mari de Claire était parti. Claire lui avait dit :

— Pour une fois que je vous ai, je vous garde. Nous allons vivre en garçon trois jours.

Sa pensée n’était qu’une pensée de vanité, et son sourire était une invitation malgré elle. Claire ne fut jamais courtisane que malgré elle, et fut-elle jamais amoureuse ?

— Je suis laide, je vais mettre du rouge. Ça ne vous gêne pas de vivre trois jours avec un garçon maquillé ?

Elle ne donnait pas à Philippe le temps de répondre, et, c’était entendu, il ne pouvait qu’accepter. Sa volonté était abolie, et le seul scrupule qui restât à Philippe, c’était qu’elle apprît que la dernière conversation qu’il avait eue avec Julien avait été toute de récriminations sur le sujet de Claire. Philippe voyait Julien épris d’elle, en dépit de tout ce qu’il disait, et il s’était complu à la noircir. Elle avait donné