Page:Brunet - Les hypocrites (1) - La folle expérience de Philippe, 1945.pdf/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
DE PHILIPPE

Ces lettres étaient composées de vers blancs et rien ne plaisait plus à Claire que d’en recevoir une : c’était l’une des deux ou trois absolutions qui consolaient de sa faute cette femme non seulement chrétienne, mais de piété puérile, italienne.

Lorsqu’il paraissait, arrivant avec une de ces épîtres, Philippe trouvait parfois Claire assise sur le petit balcon, faisant sécher la longue chevelure qu’elle soignait et lisant la lettre en vers qu’il lui avait fait tenir par poste spéciale. Des amours de duperies, de dôpe, de littérature, où se glissait quand même la tendresse maternelle de Claire, voire la pitié de Philippe : il savait bien que, plus tard, il s’attendrirait pour ces pauvres choses, comme il se plaisait à s’attendrir en contant ses turpitudes passées à Claire et en pleurant sur ses victimes.

Il apportait des journaux français :

— Comme tu es gentil. (Depuis combien de temps Claire tutoyait-elle Philippe ? C’était venu comme ça, et puis, souvent, elle disait : vous…).

Les enfants jouaient sur le gazon. Philippe était seul avec elle. Il l’embrassa, et elle lui donna ses lèvres goulûment. Il était surpris, un peu ennuyé surtout. Tout de suite, sans gêne, il avala un peu de sa dôpe.

— Donne-m’en aussi.

Philippe n’aimait pas qu’elle prît de ça, non