Page:Brunot - La Réforme de l’orthographe, 1905.djvu/14

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soit ! Et même s’il fallait voir là une opinion, j’espère qu’elle n’est point celle de la majorité des membres de l’Académie française. On est obligé de constater cependant que le rapport de cette Compagnie ne fait pas allusion, fût-ce par un mot, aux petits Français qui n’étudient que le français. Elle ne connaît que les collégiens qui font du latin.

L’école communale, où vont se former les millions de citoyens de demain, l’école de la démocratie n’est pas nommée. Qu’elle gêne le raisonnement des Académiciens ou qu’elle ait été réellement oubliée, la chose est également grave.

Si en effet, Monsieur le Ministre, il y a aujourd’hui une question orthographique vraiment digne de votre attention, c’est que cette question a cessé d’intéresser seulement une petite portion de la nation ; maintenant que tout le monde va à l’école, elle intéresse la totalité des enfants de France, c’est devenu une question d’ordre public.

Or pour ceux qui, après quelques années dans l’enseignement primaire, entreprennent des études secondaires, le mal est supportable à la rigueur, l’enseignement orthographique contribue à surcharger les programmes déjà trop lourds, mais le surpoids est réparti sur dix années, et le reste de l’éducation en souffre moins. Le mal existe, il est moins aigu.

Mais considérez comment il en va à l’école primaire, consultez sur ce point. Monsieur le Ministre, tous ceux qui se passionnent pour l’enseignement national, à défaut de M. Gréard mort, que l’Académie ne voulut point