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Page:Brunot - La Réforme de l’orthographe, 1905.djvu/25

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Mais devez-vous, Monsieur le Ministre, ne regarder que ce côté scolaire de la question, et n’appartient-il pas aux pouvoirs publics de voir plus haut et plus loin ? Ce serait, suivant moi, abdiquer.


L’ÉTAT ET LA LANGUE. SES DEVOIRS ENVERS ELLE.
LANGUE ET ORTHOGRAPHE, LES « DROITS » DE L’ACADÉMIE.


Pour trouver les principes par lesquels je prétends établir que l’État a une autorité à exercer en ces matières, il ne suffIit pas de se fonder sur de vagues et fallacieuses analogies. Ainsi l’État encourage les arts, mais il ne les dirige pas et n’a aucun droit de les diriger, on a bien raison de le dire.

Mais, quelque intéressant que puisse être pour la nation le développement de la sculpture française, et quelque ascendant que puissent donner au pays où elles naissent les œuvres de génie que l’école moderne a produites depuis Rude et Carpeaux, personne ne soutiendra qu’il y a là une question essentielle pour la vie intérieure ou extérieure de la France.

Au contraire, tout le monde le comprend, faire que nulle part il ne reste un Français auquel sa langue soit inconnue, c’est faire qu’il n’y ait plus en France d’étrangers à la vie française, et c’est là une chose capitale, à laquelle l’État ne peut refuser de s’appliquer de toutes ses forces. Si, en effet, l’unité de langue n’est pas, comme on l’a dit quelquefois, le lien même qui fait la patrie, du moins elle resserre ce lien au point de le rendre presque indissoluble. Tous les gouvernements,