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ORDRE DE SUPERPOSITION.

étendue. « À la vue d’un spectacle si imposant, si terrible même, que celui de ces débris de la vie formant presque tout le sol sur lequel portent nos pas, il est bien difficile de retenir son imagination sur les causes qui ont pu amener de si grands effets[1]. »

Plus sont grandes les profondeurs auxquelles nous descendons dans les couches du globe, plus aussi nous nous trouvons portés à une antiquité reculée dans l’histoire archéologique des temps passés de la création. Les étages successifs s’annoncent par des formes différentes de la vie animale et végétale, et ces formes s’éloignent d’autant plus des espèces actuelles que nous descendons plus bas dans l’intérieur de ces vastes dépôts où gisent entassés les débris des créations antérieures.

Si nous venons à reconnaître un assemblage constant et régulier de restes organiques, lequel, commençant avec une certaine série de couches, finit lorsqu’une autre commence où se montre un assemblage tout différent du précédent, nous possédons dès lors les bases les plus certaines sur lesquelles nous puissions établir ces divisions que l’on désigne sous le nom de formations géologiques. Or, en étudiant avec soin les dépôts minéraux de la surface du globe, on voit que les divisions de cette sorte s’y succèdent en grand nombre. L’étude de ces restes fait reconnaître au zoologiste une quantité considérable d’espèces et de genres éteints, lesquels tiennent aux végétaux et aux animaux actuels par des rapports importans, et fournissent fréquemment des anneaux qui jusqu’alors semblaient manquer dans la grande chaîne qui unit les êtres animés suivant la série graduelle de leurs affinités.

Cette découverte, parmi les débris des créations passées, d’anneaux qui semblaient manquer dans le système actuel de la

  1. Cuvier, Rapport sur les progrès des sciences naturelles, in-8o, 1810, p. 196.