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SAURIENS MARINS.

de s’élever dans les eaux, à la manière des ichthyosaures et des cétacés. Aussi les pattes ont-elles été converties en des rames plus grandes et plus puissantes que celles de l’ichthyosaure, et propres à compenser ainsi la faible assistance que l’animal pouvait tirer de sa queue[1].

Si nous mettons les membres du plésiosaure en présence des mêmes organes chez les autres vertébrés, [nous pourrons ranger tout cet ensemble suivant une série régulière de gradations, formant comme les anneaux d’une même chaîne depuis leur état le plus parfait que l’on rencontre dans les mammifères supérieurs jusqu’à leurs formes les plus imparfaites, qui se voient dans les nageoires des poissons. Les rames qui existent à la partie antérieure du corps, chez le plésiosaure, offrent toutes les parties essentielles des membres antérieurs des quadrupèdes et même du bras de l’homme ; une omoplate, un humérus, un radius et un cubitus que suivent les os d’un carpe et d’un métacarpe, celui-ci terminé par cinq doigts, dont chacun se compose d’une série continue de phalanges[2]. On retrouve dans les membres postérieurs les mêmes analogies avec les organes corres-

  1. Le nombre des pièces qui correspondaient aux phalanges des doigts et des orteils excède celui que l’on observe chez les lézards et les oiseaux, et même chez les mammifères, à l’exception des baleines dont plusieurs offrent un pareil excès numérique en rapport avec l’office de nageoires qui correspond à cette disposition. Ces phalanges des plésiosaures s’articulent, comme chez les baleines, par synchondrose, et elles établissent un passage entre les phalanges de l’ichthyosaure en nombre plus grand et plus anguleuses, et celles des quadrupèdes terrestres, toujours plus ou moins cylindriques. Chez ces lézards de mer, elles étaient aplaties, dans le but d’élargir les extrémités, et d’en faire des organes de natation. Comme d’ailleurs ces rames élargies paraissent avoir été dépourvues de toute espèce d’ongles, même imparfaits, comme ceux des tortues et des phoques, il est probable que le plésiosaure n’avait, partout ailleurs que dans l’eau, qu’un mouvement de progression faible ou tout à fait nul.
  2. Pl. 16, 17, 49.