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TORTUES FOSSILES.

noncer sans hésiter que les espèces fossiles soumises à son observation avaient habité certainement les eaux salées[1].

On rencontre, dans les formations wealdiennes d’eau douce de la série secondaire, des espèces fossiles appartenant aux genres trionyx et émys ; mais elles se montrent en plus grande abondance encore dans les dépôts lacustres de la série tertiaire ; et, chez toutes, la vie et la mort paraissaient s’être accomplies au milieu de circonstances tout à fait analogues à celles qui entourent maintenant dans les rivières et les lacs des tropiques les espèces vivantes qui leur sont voisines en organisation. On les a rencontrées aussi dans des dépôts marins[2], où leur présence, en compagnie de débris de reptiles crocodiliens, conduit à penser que, suivant toute probabilité,

  1. La planche 25, fig. 4 représente une tortue trouvée dans l’ardoise de Glaris : l’alongement inégal de ses doigts antérieurs la fait reconnaître pour une espèce marine. En effet les tortues d’eau douce ont tout leurs doigts à peu près égaux et de longueur médiocre ; les tortues de terre les ont égaux aussi, mais très courts : chez celles qui habitent la mer au contraire, ces organes sont très alongés, et le doigt médian du pied antérieur dépasse de beaucoup tous les autres. L’existence de ce dernier trait d’organisation dans l’échantillon qui nous est soumis apparaît au premier coup d’œil, et cette particularité, aussi bien que tout l’ensemble de sa structure, le place tout près des genres actuellement existant. Cette figure est tirée des ossemens fossiles de Cuvier, tome V. 2e partie ; pl. 14, fig. 4. M. Agassiz a eu l’obligeance de me donner les détails suivans relativement aux parties importantes qui n’avaient été qu’imparfaitement représentées dans le dessin d’après lequel la planche de Cuvier a été gravée. — « Il est évident, d’après l’état des côtes, que ce fossile offre des rapports intimes avec les deux genres Chelonia et Sphargis, mais sans qu’on puisse le rapporter à aucune espèce connue. Les doigts de la patte antérieure gauche sont au nombre de cinq, dont les deux extérieurs sont les plus courts, et ont chacun trois phalanges. Chacun des trois doigts internes, parmi lesquels le doigt médian est le plus long, offre quatre phalanges, ainsi que cela a lieu dans les deux genres actuels que nous venons de citer. »
  2. C’est ainsi que l’on rencontre les débris fossiles de deux grandes espèces d’émydes réunies à des coquilles marines dans le calcaire jurassi-