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CONSERVATION DES RÉSERVOIRS D’ENCRE.

pèces éteintes figurées avec l’encre de ces mêmes espèces, et je pourrais me servir de cette encre pour retracer les faits qui les concernent et pour exposer à quelles causes est due leur merveilleuse conservation.

On peut faire ressortir de la conservation de ces réservoirs d’encre les preuves d’une mort instantanée ; car nous y trouvons encore le liquide que le calmar répandait dans les momens d’alarme, et la forme qu’ont conservée les membranes distendues ensevelies aussitôt après la mort de l’animal. Or, ces réservoirs membraneux se fussent rapidement décomposés, et l’encre qu’ils contenaient se fût répandue, pour peu qu’ils fussent restés seulement quelques heures exposés à l’action destructive de l’eau. Ainsi donc les animaux auxquels ils appartenaient ont dû périr soudainement, et ils ont dû être immédiatement ensevelis dans le sédiment qui a donné naissance aux couches où se sont conservés pétrifiés leur encre et le sac qui la contenait. Nous en pouvons dire autant de l’osselet dorsal qui accompagne ces débris. La conservation si parfaite de cette substance fragile, dans laquelle on retrouve jusqu’aux fibres d’accroissement les plus délicates, n’est pas moins remarquable que la fossilisation de l’encre elle-même ; et ces deux faits nous conduisent aux mêmes conclusions[1].

  1. Déjà nous avons employé ailleurs le même raisonnement pour démontrer avec quelle promptitude ont été détruits et ensevelis les sauriens, dont les squelettes se retrouvent entiers dans le même lias où se rencontrent les débris de calmars qui font le sujet de ce chapitre.

    D’un autre côté, l’existence d’intervalles entre le dépôt des diverses couches constitutives du lias nous est démontrée par ce fait que plusieurs lits de cette formation renferment en abondance des coprolites dispersés isolément et sans ordre, souvent fort distans entre eux, ainsi que de tout squelette de saurien auquel ils puissent devoir leur origine, et par cette autre circonstance encore que la surface de ces coprolites, qui était tournée en haut dans la position qu’ils avaient prise au fond de la mer, a souvent été en partie détruite par l’action de l’eau avant