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TRILOBITES.

principes qui ont présidé à leur construction, nous trouverons dans leur forme et dans l’arrangement de leurs facettes des particularités propres à en favoriser l’emploi comme instrumens d’optique.

Dans l’asaphus caudatus[1] chacun des yeux contient au moins quatre cents lentilles presque sphériques, qui forment sur la surface de la cornée des compartimens distincts[2]. L’ensemble de la cornée offre une forme en rapport avec les besoins d’un animal destiné à vivre au fond des eaux. Dans cette condition d’existence voir en dessous était aussi impossible qu’inutile ; mais pour la vision dans le sens horizontal, les arrangemens que l’on observe sont pleins de perfection[3]. Chaque œil offre à peu près la forme d’un tronc de cône, incomplet seulement sur la face qui regarde l’œil du côté opposé, et là où des facettes, si elles eussent existé, eussent été rendues inutiles par leur position même relativement à la partie de la tête vers laquelle elles se fussent trouvées tournées. La partie extérieure de chaque œil constitue une sorte de bastion circulaire comprenant environ les trois quarts du cercle, et disposé, par rapport à l’horizon, de telle manière que là où se termine le champ visuel de l’un des yeux, là aussi commence le champ visuel de l’œil voisin, de telle sorte que l’ensemble des deux yeux embrassait dans sa portée horizontale un panorama tout entier.

  1. Pl. 45, fig. 9 et 10.
  2. Le cristallin des poissons est sphérique ; les cristallins des trilobites offrent aussi à peu près cette forme, ce qui nous porte à la regarder comme en rapport avec le milieu aquatique dans lequel ces organes sont destinés dans l’un et dans l’autre cas à remplir leurs fonctions. Aussi présumons-nous qu’une forme semblable est celle des cristallins dans les yeux des crustacés marins, et que cette forme diffère probablement de celle du même organe chez les insectes qui vivent dans l’air.
  3. Les yeux des abeilles sont disposés de la manière la plus favorable pour la vision horizontale et en bas.