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SONT D’ACCORD AVEC LES LIVRES SACRÉS.

Le second verset décrirait donc l’état du globe au soir du

    quel que soit le mot que l’on emploie, il est évident que s’il s’agit de l’action créatrice de Dieu, ce mot ne peut impliquer d’une manière nécessaire la préexistence de la matière. Ainsi notre mot créer qui rend le mot hébreu bara exprime que la chose créée reçoit son existence de Dieu sans indiquer par lui-même si Dieu, en l’appelant à exister, la fit sortir ou non du néant ; et la nécessité où nous sommes de le faire suivre des mots de rien suffit à prouver que le mot créer n’a pas en lui-même cette étendue de signification ; et, en effet, quand nous parlons de nous comme créatures de Dieu, nous n’entendons pas du tout par ces paroles que nous ayons été matériellement créés de rien. Ainsi c’est à l’ensemble du texte, aux diverses circonstances, aux révélations que Dieu a faites ailleurs, et non à la force du mot en lui-même qu’il faut s’en rapporter sur la question de savoir si bara exprime que la chose a été créée de rien (autant que nous pouvons arriver à comprendre cette expression) ou que Dieu a donné à de la matière déjà existante une forme d’existence tout à-fait nouvelle. Or cette dernière signification est parfaitement indiquée dans la Genèse, 1, 27, où il est parlé de la création de l’homme, lorsque nous savons d’après le chapitre II, vers. 7, qu’il a été tiré d’une matière déjà existante, —« la poussière de la terre ; »—et le mot bara n’est réellement tant au dessus du mot asah, faire, que par la raison que le premier s’applique uniquement à l’action divine, tandis que le second se dit également de l’action humaine ; et la différence entre ces mots est exactement la même qu’offrent dans notre langue les mots créer et faire par lesquels on les traduit : mais toute cette dispute me semble tenir plutôt à notre manière d’envisager le sujet qu’au sujet lui-même ; car faire, quand on l’applique à Dieu, est l’équivalent du mot créer.

    Ainsi les mots bara, créer, — asah, faire, — yatsar, former, — sont-ils fréquemment employés par Isaïe, et une fois par Amos comme tout à-fait équivalens. Bara et asah expriment également la formation de quelque chose de nouveau (de novo), d’une chose dont l’existence, sous cette nouvelle forme, commence, et dépend entièrement de la volonté de celui qui la crée ou qui la fait. C’est ainsi que Dieu se désigne lui-même comme le créateur, —« borée, »—du peuple juif (Isaïe, Xliii, I, 15), et un événement nouveau est désigné sous ce même terme de création dans le livre des Nombres, chap. 16, vers. 50 : « Si le Seigneur (texte anglais) fait quelque chose de nouveau, » et, dans l’hébreu, « crée une créature. » — Le psalmiste l’emploie aussi, ps. 104, vers. 50, quand il parle du renouvellement de la face du globe, par la succession des créatures douées de vie : — « Tu enverras ton souffle et elles seront créées, et tu renouvelleras la face de la terre. » Cette question a été traitée, mais d’une manière superficielle, par Beausobre, dans son histoire du