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VEINES MÉTALLIFÈRES.

Tous les métaux qui existent dans l’écorce terrestre, si l’on en excepte le fer, ne s’y trouvant qu’en quantités comparativement petites, en même temps qu’ils ont la plus haute valeur pour l’espèce humaine, puisque ce sont les principaux instrumens à l’aide desquels elle s’éloigne de l’état sauvage, il était de la plus haute importance qu’ils fussent disposés d’une manière qui les rendit accessibles à l’industrie humaine, et ce but est admirablement atteint par le mécanisme des filons métalliques.

    des filons métallifères du Cornouailles (Trans. Phil., 1830, etc.) paraissent devoir jeter de nouvelles lumières sur ce sujet obscur et difficile. D’un autre côté, les expériences de M. Becquerel sur la cristallisation artificielle de composés cristallins insolubles de cuivre, de plomb et de chaux, et d’autres substances, par la réaction et le transport lent et prolongé des élémens de composés solubles (Becquerel, Traité de l’électricité, t. 1, ch. 7, p. 547, 1834), paraissent expliquer plusieurs changemens chimiques qui se seraient effectués sous l’influence de courans électriques faibles dans le sein de la terre, et surtout dans les veines métalliques.

    Je dois à l’obligeance de M. le professeur Wheatstone le court exposé suivant des expériences dont il s’agit.

    « Lorsque deux corps, dont l’un est liquide, réagissent très faiblement l’un sur l’autre, la présence d’un troisième corps conducteur, ou dans lequel la capillarité remplace la conductibilité, fournit un passage a l’électricité résultant de l’action chimique, et un courant voltaïque s’établit, qui accroît l’énergie de l’action chimique des deux corps. Dans les actions chimiques ordinaires, les combinaisons s’effectuent par la réaction directe des corps les uns sur les autres, réaction par suite de laquelle tous leurs élémens constituans concourent à l’effet général, tandis que, dans le mode d’action étudié par Becquerel, les corps sont pris à l’état naissant, et l’on n’emploie que des forces excessivement faibles ; d’où il suit que les molécules, qui ne sont produites pour ainsi dire qu’une par une, sont, malgré leur insolubilité, disposées à prendre des formes régulières, parce que leur nombre n’apporte aucune perturbation dans leur arrangement. C’est en appliquant ces principes, et à l’aide de faibles courans électriques, que cet auteur a fait voir que l’on pouvait obtenir artificiellement plusieurs corps cristallisés que jusqu’ici l’on n’avait encore rencontrés que dans la nature. »