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CORPS MINÉRAUX.

de fonctions complexes dans les systèmes futurs d’organisation, soit animale, soit végétale, qu’il est impossible que nous nous rendions un compte satisfaisant de l’existence de tous ces mécanismes si beaux et si parfaits, si nous refusons d’admettre qu’ils tirent leur origine de la Volonté et de la Puissance d’un Créateur suprême, Être dont nos facultés finies ne peuvent arriver à comprendre la nature, mais dont tout ce qui existe nous proclame la Sagesse, la Grandeur et la Bonté infinies.

Faire honneur de cet ordre et de cette harmonie à quelques causes fortuites qui entraîneraient la négation d’un plan, ce serait repousser des inductions de la nature de celles sur lesquelles l’esprit humain se repose avec confiance et sans hésitation, dans tous les évènemens ordinaires de la vie comme dans toutes les investigations physiques et métaphysiques. — Si mundum efficere potest concursus atomorum, cur porticum, cur templum, cur domum, cur urbem non potest ? quæ sunt minus operosa et multo quidem faciliora[1].

Telle était la question qu’inspirait au moraliste romain la contemplation des phénomènes visibles du monde matériel ; et la conclusion que Bentley a déduite d’un coup d’œil plus étendu jeté sur des phénomènes d’une nature plus mystérieuse, à une époque déjà remarquable par l’état avancé de plusieurs des branches les plus élevées des sciences physiques, a été complètement confirmée par les nombreuses découvertes du siècle suivant. Nous avons donc, à l’époque actuelle, mille motifs nouveaux d’affirmer avec lui que — « alors même que la matière subsisterait de toute éternité, divisée en particules infinies, comme le suppose le système d’Épicure, et que le mouvement serait également éternel et n’aurait jamais cessé de co-exister

  1. Cicéron, de Natura Deorum, livre 2.57.