Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/144

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est figurée très sinueuse, ce qui devait être peu exact. Sur le rivage, au sud de la cabane des semis, sont échoués deux « navires impériaux la Charente et la Joye ».

Dans les dunes de Gascogne, les travaux de fixation ont été pour l’ensemble effectués en allant de l’ouest à l’est suivant la direction des vents dominants, et cela pour que les premiers semis installés protégeassent contre les sables mouvants les semis faits après eux, et aussi pour qu’eux-mêmes ne fussent pas ensevelis sous les sables venant de la côte. Cependant on s’est souvent écarté des prescriptions de de Villers et de Brémontier, qui voulaient que les premières fixations eussent lieu sur la zone littorale séparant la laisse des hautes mers des premières dunes, « afin de tarir la source même du mal », et que l’on continuât ensuite à fixer des zones successives et contiguës. Quelquefois même on a commencé les travaux à l’est du côté des terres, avant que les sables de l’ouest ne fussent immobilisés. La nécessité de sauver des cultures et des lieux habités, ou d’arrêter la marche particulièrement prompte de quelques hautes dunes, la présence à l’ouest d’une vaste lède inondée ou enherbée, l’éloignement et la rareté des broussailles nécessaires à la couverture, et aussi les progrès rapides des travaux, justifiaient ces anomalies. D’ailleurs, toutes les fois qu’un apport de sable était à craindre, soit au bord de la mer, soit surtout dans l’intérieur des dunes, on garantissait l’atelier du côté de l’ouest et du côté du N.-O. ou du S.-O. par des palissades ou des clayonnages élevés jusqu’à 8 et 10m, contre lesquels s’amassaient les sables et qui donnaient au semis le temps de lever et de grandir, avant d’être atteints par ces sables. (Brémontier, mémoire du 30 pluviôse an xii ; Devis des travaux des dunes dressés par les Ponts et Chaussées.)

Les palissades étaient formées généralement de planches fichées dans le sol et ayant entre elles un intervalle de 2 centimètres. Les sables s’accumulaient contre la palissade en prenant une pente douce du côté du vent. Une partie passait par les intervalles des planches et, se déposant de l’autre côté, formait un second talus à terre croulante qui contrebuttait et maintenait la palissade. Quand celle-ci était près d’être couronnée, on l’exhaussait en relevant verticalement les planches. Les clayonnages étaient formés de cordons de branchages tressés sur piquets agissant de même à l’égard des sables. Lorsque ceux-ci atteignaient le sommet du clayonnage, on en établissait un nouveau sur la levée de sable ainsi obtenue.

Ces palissades (ou clayonnages) étaient placées touchant à l’atelier d’ensemencement. Au-devant d’elles, du côté des apports sableux, on ménageait une bande de terrain, large d’environ 40m, qu’on ne boisait pas, mais qu’on plantait seulement de touffes de gourbet disposées en quinconces. Tout ce système constituait pour l’atelier la défense à l’abri de laquelle s’effectuaient les semis. Ces sortes de digues protectrices se distinguent encore de nos jours (notamment la passe de