Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terrain sur laquelle les arbres, bien que paraissant encore sains, peuvent être déjà attaqués par le parasite. Cette bande ne peut être déterminée qu’au jugé. Il vaut mieux la prendre trop large que trop réduite et exposer au mal quelques pins encore indemnes, plutôt que de voir la mortalité dépasser le fossé. Dans les dunes, il convient de tracer le fossé isolateur à 8 et même 10 mètres des pins reconnus malades.

Il est essentiel d’abattre les pins attaqués par le champignon, non seulement quand ils meurent, mais même avant et des qu’ils présentent des symptômes de dépérissement. Souvent l’abatage des arbres malades suffit à arrêter les séquées et rend un fossé inutile. Dans les forêts domaniales, on fait soigneusement procéder à cet abatage par les gardes ou les adjudicataires des coupes suivant les cas et cette précaution rend les grandes mortalités assez rares. Il n’en est pas de même dans certaines forêts des communes et des particuliers, où les mêmes soins ne sont pas pris.

Suivant M. Duchalais, ancien conservateur des Forêts, « il est indispensable de compléter le premier travail par un traitement au sulfate de cuivre à l’aide d’une solution contenant 10 kg. de sulfate dissous dans 100 litres d’eau… Les parois du fossé devront être arrosées de ce liquide, à raison d’un litre par mètre courant, et la même opération serait en même temps pratiquée sur une bande de 0m50 de large, tangente intérieurement au fossé et au préalable bien nettoyée de toute végétation. Dans ces conditions, le mal serait arrêté et toute trace de mycélium détruite. » (Rapport sur la maladie ronde des pins maritimes en Sologne. Comité central agricole de la Sologne, 1893). M. Duchalais recommande en plus l’exploitation complète avec arrachage de souches de tous les pins existant sur la parcelle contaminée.

Toutes ces opérations sont excellentes assurément, mais nous répétons que, dans les dunes, on peut se contenter d’abattre les pins dépérissants et, si la mortalité s’étend malgré cela, de la circonscrire par un fossé isolateur ouvert comme il a été dit plus haut. La plupart du temps ces mesures suffisent pour arrêter le développement du parasite.

Dans les Landes on emploie aussi, pour combattre la maladie du rond, un procédé qui consiste à enlever aux arbres que l’on croit atteints ou susceptibles de l’être, un anneau entier d’écorce à hauteur d’homme. L’opération se fait avec un ciseau ou une gouge ; on enlève toute l’écorce, de manière à interrompre toute communication entre les deux parties que sépare l’anneau circulaire ainsi creusé. La largeur de cet anneau importe peu. Il faut, bien entendu, ne pas blesser le liber ni la couche cambiale. Les résultats fournis par cette méthode dans les landes sont très discutables, et son efficacité, qui paraît fort douteuse, n’est pas à comparer avec celle du fossé. Ce procédé n’est guère pratiqué en Médoc.

Le Rhizina n’est pas le seul champignon parasite du pin maritime.