Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/89

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rents, travaillant isolément, beaucoup aussi semblent résulter du concours simultané de plusieurs facteurs. Les ondulations de la surface terrestre, les influences astronomiques, les érosions marines ou les alluvions fluviales et d’autres agents encore actionnent souvent de concert la même ligne de côtes. Le déplacement de celle-ci est alors la somme algébrique de ces diverses forces qui peuvent agir toutes dans le même sens ou dans des sens contraires.



Variations des rivages du Médoc.


Les côtes du Médoc, elles aussi, ont changé au cours des siècles. On peut même les ranger parmi celles qui présentent les modifications les plus considérables.

Faits. — En faisant, dans le chapitre précédent, l’historique du littoral médocain depuis dix-huit cents ans, nous avons, par le fait, indiqué ses variations les plus accentuées.

On a vu ainsi la presqu’île médulienne se rétrécir et reculer devant l’océan, le plateau de Cordouan s’isoler, puis s’immerger entièrement à l’exception du seul emplacement de la tour, la grande pinède de l’abbaye de Soulac s’abîmer dans les flots ; en général les saillies de la côte maritime disparaître, ses échancrures se combler, son profil se régulariser, le fleuve s’éloigner de sa rive première et découvrir des terrains jadis submergés.

En somme, l’extrême pointe du Médoc semble se déplacer de l’ouest à l’est ; exemple Soulac, qui passe du bord de la Gironde au rivage de la mer. Bien entendu, ce mouvement n’est qu’apparent ; la latitude et la longitude d’un point donné du pays n’ont pas varié. Les eaux seules se sont réellement déplacées.

En dehors de la région soulacaise, la côte maritime ne manque pas de traces de variations. C’est ainsi que sur la plage, depuis Montalivet jusqu’en face de la maison forestière de St -Nicolas, on trouve d’assez nombreuses souches de chênes encore en place. Ces souches accusent un âge fort avancé. Elles sont souvent baignées par les lames de la haute mer. Il est évident que les arbres dont elles sont les restes, n’ont pu croître au contact des vagues et que l’océan était fort éloigné lorsqu’ils existaient. On sait qu’en général la végétation ligneuse, au moins pour les grands arbres, est impossible tout à proximité de l’océan.