Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/98

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Marcellin, qui sont du ive, représentent les rivages médocains comme fréquentés par le commerce maritime et très florissants pendant toute cette série de siècles.

Ils ne parlent pas d’envahissement par l’océan. Il est vrai qu’Ammien Marcellin dit cependant des Gaulois : « Alluvione fervidi maris sedibus suis expulsos. » (lib. XV, cap ix) ; et d’après M. Sansas (Origines aquitaniques), Ephore et Posidonius attribuent les migrations des Cimbres et des barbares de même origine aux invasions de la mer. C’est 100 ou 200 ans avant Jésus-Christ que ces migrations ébranlèrent la République romaine. Toutefois les rivages du Médoc, au dire des premiers écrivains cités, ne paraissent pas avoir été éprouvés par des submersions qui aient compromis leur prospérité à cette époque de l’histoire. L’hypothèse de déluges, au début de l’ère chrétienne, avancée par l’abbé Mezuret, ne nous semble pas fondée, pour le Médoc du moins.

Nous avons dit quels furent les cataclysmes de l’an 580. D’autre part, on sait qu’au xie siècle, Cordouan possédait une abbaye déjà menacée par les tempêtes, qu’au xive siècle, il s’y trouvait encore une tour, une chapelle et des maisons. Cela montre que la mer entamait le continent depuis un temps relativement court. Le phénomène, bien que sa progression fût sans doute inégale, n’a donc pas pu commencer à une époque très reculée, sans cela Cordouan n’aurait pas été aussi développé au xve siècle.

Bref, c’est aux environs de l’an 580, on est autorisé à le penser, que prirent naissance les phénomènes d’érosion et d’affaissement, ou que du moins ils s’accusèrent franchement.

Tant que la pente du rivage sous-marin était douce, dit M. Goudineau, les lames de fond et les courants ne pouvaient affouiller le sol. Après les cataclysmes du vie siècle, qui pourraient bien être la suite de celui de l’Atlantide, les grandes profondeurs se rapprochèrent, les vents d’ouest devinrent régnants, la mer corroda le terrain pliocène devenu abrupt.

Remarquons en passant que M. Goudineau admet, lui aussi, la simultanéité des phénomènes d’érosion et d’affaissement.

Mais, en dernière analyse, quelle est la cause ultime de ces perturbations et de ces modifications de rivages ?

Nous venons d’énoncer une opinion qui les regarde comme la con- séquence de la disparition de l’Atlantide, ce vaste continent qui serait actuellement au fond de l’Océan atlantique, mais que seul à peu prés Platon mentionne.

C’est assez la manière de voir de Montaigne (Essais, liv. I, chap. xxx) et de Dumas Vense (Revue maritime et coloniale, février 1876).

Reportons-nous aux théories exposées, au début de ce chapitre, dans les considérations générales sur les variations des rivages. Il est admissible de rattacher les phénomènes qui nous occupent au