Page:Buffenoir - La Comtesse d’Houdetot, sa famille, ses amis, 1905.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
180
LA COMTESSE D’HOUDETOT.

une lettre que j’ai fait mettre à la poste hier ; or entre dimanche et le jour qu’on m’a remis votre lettre il n’y a eu que deux jours, et je vous mandais que j’écrirais à mon aise. C’est folie d’envoyer un exprès : en attendant, je vous avertis que je le fais payer.

Apprenez donc enRn à rester tranquille, et à ne plus douter ni de l’amitié ni des soins des amis qui vous aiment ; il faut avoir d’eux meilleure opinion, et vous auriez fait un très maumais arrangement de vous établir loin d’eux pour en être toujours inquiet. Adieu, mon cher citoyen. Je me porte un peu mieux ; il en est de même d’Aix-la-Chapelle, d’où l’on me parle toujours de vous avec une grande amitié. Il n’écrit encore qu’à moi et me dit qu’il avait eu envie de vous faire écrire, mais qu’il avait peur que cela ne vous fît peine et qu’il attendrait qu’il le pût lui-même. Il me charge de mille choses pour vous. Les eaux l’ont fort affaibli. Il m’écrit très peu à moi-même, et n’écrit qu’à moi et pour ce qui est indispensable. Travaillez donc, mon cher citoyen, et songez qu’il est juste que vous me disiez ce que je vous dois pour ce que vous avez déjà copié pour moi. J’ai fait affranchir ma lettre et vous devez l’avoir.

[P. S.] Apprenez donc à ne plus vous croire abandonné quand on ne répond pas dans l’instant aux lettres où on a déjà répondu un mot et oii l’on vous prévient qu’on prendra son temps pour y répondre. Tenez-vous tranquille et occupez-vous de quelque chose. Votre imagination se dévore elle-même et vous tourmente. Je vous ai dit ce que je pense et sur des amis que vous aimez. Tenez-vous tranquille et vaquez à vos occupations. Il n’a pas tenu à moi que vous n’ayez vu Diderot plus tôt, mais soyez sûr qu’il ira et qu’il a envie de vous voir.

Ce mardi.

(Manuscrits de Neuchâtel.)