Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/352

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vant je veux laisser exposer par Buffon lui-même la solution d’une question qui se pose naturellement en face de son hypothèse : d’où viennent ces parties semblables au tout ? Il résume d’abord sa manière de voir : « Se nourrir, se développer et se reproduire, dit-il[1], sont donc les effets d’une seule et même cause ; le corps organisé se nourrit par les parties des aliments qui sont analogues, il se développe par la susception intime des parties organiques qui lui conviennent, et il se reproduit parce qu’il contient quelques parties organiques qui lui ressemblent. » Puis il ajoute : « Il reste maintenant à examiner si ces parties organiques, qui lui ressemblent, sont venues dans le corps organisé par la nourriture, ou bien si elles y étaient auparavant. Si nous supposons qu’elles y étaient auparavant, nous retombons dans le progrès à l’infini des parties ou germes semblables contenus les uns dans les autres, et nous avons fait voir l’insuffisance et les difficultés de cette hypothèse ; ainsi nous pensons que les parties semblables au tout arrivent au corps organisé par la nourriture, et il nous paraît qu’on peut, après ce qui a été dit, concevoir la manière dont elles arrivent et dont les molécules organiques qui doivent les former peuvent se réunir.

« Il se fait, comme nous l’avons dit, une séparation de parties dans la nourriture : celles qui ne sont pas organiques, et qui par conséquent ne sont point analogues à l’animal ou au végétal, sont rejetées hors du corps organisé par la transpiration et par les autres voies excrétoires ; celles qui sont organiques restent et servent au développement et à la nourriture du corps organisé ; mais dans ces parties organiques il doit y avoir beaucoup de variété, et des espèces de parties organiques très différentes les unes des autres ; et comme chaque partie du corps organisé reçoit les espèces qui lui conviennent le mieux, et dans un nombre et une proportion assez égale, il est très naturel d’imaginer que le superflu de cette matière organique qui ne peut pas pénétrer les parties du corps organisé, parce qu’elles ont reçu tout ce qu’elles pouvaient recevoir, que ce superflu, dis-je, soit renvoyé de toutes les parties du corps dans un ou plusieurs endroits communs, où toutes ces molécules organiques se trouvant réunies, elles forment de petits corps organisés semblables au premier, et auxquels il ne manque que les moyens de se développer ; car toutes les parties du corps organisé renvoyant des parties organiques, semblables à celles dont elles sont elles-mêmes composées, il est nécessaire que de la réunion de toutes ces parties il résulte un corps organisé semblable au premier : cela étant entendu, ne peut-on pas dire que c’est par cette raison que, dans le temps de l’accroissement et du développement, les corps organisés ne peuvent encore produire ou ne produisent que peu parce que les parties qui se développent absorbent la quantité entière des molécules organiques qui leur sont propres, et que n’y ayant

  1. Buffon, t. IV, p. 172.