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CHAPITRE X

DE LA FORMATION DU FŒTUS

Il paraît certain par les observations de Verheyen, qui a trouvé de la semence de taureau dans la matrice de la vache, par celles de Ruysch, de Fallope et des autres anatomistes, qui ont trouvé celle de l’homme dans la matrice de plusieurs femmes, par celles de Leeuwenhoek, qui en a trouvé dans la matrice d’une grande quantité de femelles toutes disséquées immédiatement après l’accouplement ; il paraît, dis-je, très certain que la liqueur séminale du mâle entre dans la matrice de la femelle, soit qu’elle y arrive en substance par l’orifice interne qui paraît être l’ouverture naturelle par où elle doit passer, soit qu’elle se fasse un passage en pénétrant à travers le tissu du col et des autres parties inférieures de la matrice qui aboutissent au vagin[NdÉ 1]. Il est très probable que dans le temps de la copulation l’orifice de la matrice s’ouvre pour recevoir la liqueur séminale, et qu’elle y entre en effet par cette ouverture qui doit la pomper ; mais on peut croire aussi que cette liqueur, ou plutôt la substance active et prolifique de cette liqueur, peut pénétrer à travers le tissu même des membranes de la matrice ; car la liqueur séminale étant, comme nous l’avons prouvé, presque toute composée de molécules organiques qui sont en grand mouvement, et qui sont en même temps d’une petitesse extrême, je conçois que ces petites parties actives de la semence peuvent passer à travers le tissu des membranes les plus serrées, et qu’elles peuvent pénétrer celles de la matrice avec une grande facilité.

Ce qui prouve que la partie active de cette liqueur peut non seulement passer par les pores de la matrice, mais même qu’elle en pénètre la substance, c’est le changement prompt et, pour ainsi dire, subit qui arrive à ce viscère dès les temps de la grossesse ; les règles et même les vidanges d’un accouchement qui vient de précéder sont d’abord supprimées, la matrice devient plus mollasse, elle se gonfle, elle paraît enflée à l’intérieur, et, pour me servir de la comparaison d’Harvey, cette enflure ressemble à celle

  1. Cette dernière hypothèse est fausse ; les spermatozoïdes pénètrent dans l’utérus par son orifice.