Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/471

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Le gibbon[1], dont les jambes de devant ou les bras sont aussi longs que tout le corps, y compris même les jambes de derrière, se trouve aux grandes Indes et point en Amérique. Ces deux espèces de singes, que nous avons eus vivants, n’ont point de queue.

Le singe[2] proprement dit[NdÉ 1], dont le poil est d’une couleur verdâtre mêlée d’un peu de jaune, et qui n’a point de queue, se trouve en Afrique et dans quelques autres endroits de l’ancien continent, mais point dans le nouveau. Il en est de même des singes cynocéphales, dont on connaît deux ou trois espèces ; leur museau est moins court que celui des précédents, mais comme eux ils sont sans queue, ou du moins ils l’ont si courte qu’on a peine à la voir. Tous ces singes qui n’ont pas de queue, ceux surtout dont le museau est court et dont la face approche par conséquent beaucoup de celle de l’homme, sont les vrais singes ; et les cinq ou six espèces dont nous venons de parler sont toutes naturelles et particulières aux climats chauds de l’ancien continent, et ne se trouvent nulle part dans le nouveau. On peut donc déjà dire qu’il n’y a point de vrais singes en Amérique.

Le babouin[3], qui est un animal plus gros qu’un dogue, et dont le corps est raccourci, ramassé à peu près comme celui de l’hyène, est fort différent des singes dont nous venons de parler ; il a la queue très courte et toujours droite, le museau allongé et large à l’extrémité, les fesses nues et de couleur de sang, les jambes fort courtes, les ongles forts et pointus. Cet animal, qui est très fort et très méchant, ne se trouve que dans les déserts des parties méridionales de l’ancien continent, et point du tout dans ceux de l’Amérique.

Toutes les espèces de singes qui n’ont point de queue, ou qui n’ont qu’une queue très courte, ne se trouvent donc que dans l’ancien continent ; et parmi les espèces qui ont de longues queues, presque tous les grands se trouvent en Afrique ; il y en a peu qui soient même d’une taille médiocre en Amérique, mais les animaux qu’on a désignés par le nom générique de petits singes à longue queue y sont en grand nombre ; ces espèces de petits singes à longue queue sont les sapajous, les sagouins, les tamarins, etc. Nous verrons, dans l’histoire particulière que nous ferons de ces animaux, que tous ces singes d’Amérique sont différents des singes de l’Afrique et de l’Asie.

Les makis[4] dont nous connaissons trois ou quatre espèces ou variétés,

  1. Ce singe que nous avons vu vivant, et que M. Dupleix avait amené de Pondichéry, n’est indiqué dans aucune nomenclature.
  2. Simia simpliciter dicta. Ray, Synops. quadrup., p. 149.
  3. Papio. Ray, Synops. quadrup. p. 158. — Babio. Charleton, Exer., p. 16. — Cebuspapio. Baboon. Hyæna-Gessneri. Klein, De quadrup., p. 89. — Babouin. Mém. de Kolbe, t. III, p. 55. — Baboain. Brisson, Règne animal, p. 192.
  4. Simia sciurus, lanuginosus, fuscus, etc. Gazophil. Petiver. Tab. 17, fig. v. — Prosimia fusca. Le maki. Brisson, Règne animal, p. 220 et suiv.
  1. Magot.