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THÉORIE DE LA TERRE.

une espèce de dédain ; cependant ils ont été obligés de reconnoître depuis peu la découverte de M. Peyssonel, et tout le monde est enfin convenu que ces prétendues plantes marines ne sont autre chose que des ruches ou plutôt des loges de petits animaux qui ressemblent aux poissons des coquilles, en ce qu’ils forment, comme eux, une grande quantité de substance pierreuse, dans laquelle ils habitent, comme les poissons dans leurs coquilles. Ainsi les plantes marines, que d’abord l’on avoit mises au rang des minéraux, ont ensuite passé dans la classe des végétaux, et sont enfin demeurées pour toujours dans celle des animaux.

Il y a des coquillages qui habitent le fond des hautes mers, et qui ne sont jamais jetés sur les rivages : les auteurs les appellent pelagiæ, pour les distinguer des autres, qu’ils appellent littorales. Il est à croire que les cornes d’ammon et quelques autres espèces qu’on trouve pétrifiées, et dont on n’a pas encore trouvé les analogues vivants, demeurent toujours dans le fond des hautes mers, et qu’ils ont été remplis du sédiment pierreux dans le lieu même où ils étoient : il peut se faire aussi qu’il y ait eu de certains animaux dont l’espèce a péri ; ces coquillages pourroient être du nombre. Les os fossiles extraordinaires qu’on trouve en Sibérie, au Canada, en Irlande, et dans plusieurs autres endroits, semblent confirmer cette conjecture ; car jusqu’ici on ne connoît pas d’animal à qui on puisse attribuer ces os, qui, pour la plupart, sont d’une grandeur et d’une grosseur démesurée[1].

  1. J’ai deux observations essentielles à faire sur ce passage : la première, c’est que ces cornes d’ammon, qui paroissent faire un genre