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THÉORIE DE LA TERRE.

pidité que les planètes les moins denses, qui sont aussi les plus éloignées.

Les deux grosses planètes, Jupiter et Saturne, qui sont, comme l’on sait, les parties principales du système solaire, ont conservé ce rapport entre leur densité et leur mouvement d’impulsion, dans une proportion si juste, qu’on doit en être frappé : la densité de Saturne est à celle de Jupiter comme 67 à 94 12, et leurs vitesses sont à peu près comme 88 12 à 120 172, ou comme 67 à 90 1116. Il est rare que de pures conjectures on puisse tirer des rapports aussi exacts. Il est vrai qu’en suivant ce rapport entre la vitesse et la densité des planètes, la densité de la terre ne devroit être que comme 206 718 au lieu qu’elle est comme 400[1] : de là on peut conjecturer que notre globe étoit d’abord une fois moins dense qu’il ne l’est

  1. J’ai dit qu’en suivant la proportion de ces rapports, la densité du globe de la terre ne devroit être que comme 206 718, au lieu d’être 400.

    Cette densité de la terre, qui se trouve trop grande relativement à la vitesse de son mouvement autour du soleil, doit être un peu diminuée par une raison qui m’avoit échappé : c’est que la lune, qu’on doit regarder ici comme faisant corps avec la terre, est moins dense dans la raison de 702 à 1000, et que le globe lunaire faisant 149 du volume du globe terrestre, il faut par conséquent diminuer la densité 400 de la terre, d’abord dans la raison de 1000 à 702 ; ce qui nous donneroit 281, c’est-à-dire 119 de diminution sur la densité 400, si la lune étoit aussi grosse que la terre : mais comme elle n’en fait ici que la 49e partie, cela ne produit qu’une diminution de 11949 ou 2 37, et par conséquent la densité de notre globe relativement à sa vitesse, au lieu de 206 718, doit être estimée 206 718 + 2 37, c’est-à-dire à peu près 209. D’ailleurs l’on doit présumer que notre globe étoit moins dense au commencement qu’il ne l’est aujourd’hui, et qu’il l’est devenu beaucoup plus, d’abord par le refroidissement, et ensuite par l’affaissement des vastes cavernes dont son intérieur étoit rempli. Cette opinion s’accorde avec la connoissance que nous avons des bouleverse-