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ART. I. FORMATION DES PLANÈTES.

ble de donner la préférence à la pratique et aux mesures, surtout quand on ne peut pas douter qu’elles aient été prises par les plus habiles mathématiciens de l’Europe[1], et avec toutes les précautions nécessaires pour en constater le résultat ?

À cela je réponds que je n’ai garde de donner atteinte aux observations faites sous l’équateur et au cercle polaire, que je n’ai aucun doute sur leur exactitude, et que la terre peut bien être réellement élevée d’une 175me partie de plus sous l’équateur que sous les pôles : mais en même temps je maintiens la théorie, et je vois clairement que ces deux résultats peuvent se concilier. Cette différence des deux résultats de la théorie et des mesures est d’environ quatre lieues dans les deux axes, en sorte que les parties sous l’équateur sont élevées de deux lieues de plus qu’elles ne doivent l’être suivant la théorie. Cette hauteur de deux lieues répond assez juste aux plus grandes inégalités de la surface du globe : elles proviennent du mouvement de la mer, et de l’action des fluides à la surface de la terre. Je m’explique : il me paroît que dans le temps que la terre s’est formée, elle a nécessairement dû prendre, en vertu de l’attraction mutuelle de ses parties et de l’action de la force centrifuge, la figure d’un sphéroïde dont les axes diffèrent d’une 230me partie. La terre ancienne et originaire a eu nécessairement cette figure qu’elle a prise lorsqu’elle étoit fluide ou plutôt liquéfiée par le feu : mais lorsqu’après sa formation et son refroidissement, les vapeurs, qui étoient étendues et raréfiées, comme nous voyons l’atmosphère et la queue d’une comète, se furent condensées, elles

  1. M. de Maupertuis, Figure de la terre.