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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

la mer n’a pas de fond dans une si grande quantité d’endroits.

En général, les profondeurs dans les hautes mers augmentent ou diminuent d’une manière assez uniforme ; et ordinairement plus on s’éloigne des côtes, plus la profondeur est grande : cependant cela n’est pas sans exception, et il y a des endroits au milieu de la mer où l’on trouve des écueils, comme aux Abrolhos dans la mer Atlantique ; d’autres où il y a des bancs d’une étendue très considérable, comme le grand banc, le banc appelé le Borneur dans notre Océan, les bancs et les bas-fonds de l’Océan indien, etc.

De même le long des côtes les profondeurs sont fort inégales : cependant on peut donner comme une règle certaine, que la profondeur de la mer à la côte est toujours proportionnée à la hauteur de cette même côte, en sorte que si la côte est fort élevée, la profondeur sera fort grande ; et, au contraire, si la plage est basse et le terrain plat, la profondeur est fort petite, comme dans les fleuves où les rivages élevés annoncent toujours beaucoup de profondeur, et où les grèves et les bords de niveau montrent ordinairement un gué, ou du moins une profondeur médiocre.

Il est encore plus aisé de mesurer la hauteur des montagnes que de sonder les profondeurs des mers, soit au moyen de la géométrie pratique, soit par le baromètre : cet instrument peut donner la hauteur d’une montagne fort exactement, surtout dans les pays où sa variation n’est pas considérable, comme au Pérou et sous les autres climats de l’équateur. On a mesuré par l’un ou l’autre de ces deux moyens la hauteur de